Nul n’est près d’oublier le personnage d’Eyota Standing Bear, campé avec nuances par Natasha Kanapé Fontaine dans Unité 9. Son interprète, d’abord poète et militante, avait fait un point d’honneur de ne pas décevoir la communauté innue dans ce rare portrait d’une femme autochtone dans une série populaire. Au-delà des stéréotypes, Natasha a voulu donner vie à ce personnage écorché par son existence, sans qu’elle ait à boire ou à fumer à l’écran. Cette spécificité est d’autant plus sensible que l’actrice a elle-même dû combattre une dépendance.
Forte de ses six mois de sobriété, elle était de passage sur le plateau des Ã?changistes, où elle s’est confié sur la véritable révélation qui a accompagné son sevrage et donné naissance à Nanimissuat, Ã?le-tonnerre, son dernier recueil de poésie : « Des fois, quand on a un problème d'alcool, c'est souvent parce qu'on se cache à soi-même que l'on fuit quelque chose en soi. Moi, je pensais que j'avais besoin d'alcool pour écrire de la poésie. Ça, c'est une drôle d'idée, et ça vient peut-être même d'un préjugé sur les poètes, mais c'est une construction étrange qui m'a amenée vers une dépendance. Ã? un moment donné j'ai compris qu'il y avait quelque chose à l'intérieur de moi que je n'arrivais pas à régler et qui me faisais aller toujours vers l'alcool et finalement, j'ai compris que ce n'était pas ça du tout qui m'aidait, qui me ferais comprendre qui je suis réellement. »
« Quand j'ai réussi à arrêter, ça a été avec l'aide de femmes autochtones qui avaient vécu ces dépendances-là et qui viennent aider d'autres personnes avec ces problématiques à mieux se comprendre, à mieux comprendre les racines de leurs patterns. Quand j'ai réussi à arrêter, ça a été grandiose. Ça a été la parole de femmes fortes autour de moi qui m'ont dit : â??Il est temps que tu passes à toiâ?? . Pas que tu penses, que tu passes à toi », a-t-elle ajouté. Ces derniers mots ont complètement soufflé toute personne présente sur le plateau et derrière l’écran.
« Quand j'ai arrêté, ça a pris un mois, deux mois, le sevrage, et j'ai réussi à voir clair. Je me suis dit : â??ça, c'est moiâ??. J'ai réalisé que j'avais passé dix ans de ma vie sans jamais me connaître », poursuit la comédienne et auteure.
L’actrice prend souvent parole au sujet de la violence faite aux femmes autochtones, de même que la pauvreté et le racisme institutionnalisés qui aggravent les problèmes de toxicomanie chez les membres des Premières Nations.
Des artistes tels que �tienne Boulay, Sylvain Marcel ou encore �liane Gagnon se sont également souvent confiés sur leur sobriété.
Pour revoir le passage de Natasha sur le plateau des Ã?changistes, c’est par ici!
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