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Julie Snyder s’adresse à Gilbert Rozon, qu’elle accuse d’agression sexuelle
Crédit: Serge Cloutier

Le plateau de La semaine des 4 Julie était particulièrement puissant mardi soir, alors que Julie Snyder s’entretenait avec une animatrice aussi chevronnée et une femme aussi forte qu’elle-même, Pénélope McQuade.

Mais les deux personnalités n’ont pas que leur carrière en commun. Elles ont aussi un même agresseur, qu’elles ont toutes deux dénoncé dans la foulée du mouvement #MeToo. Pénélope McQuade faisait effectivement partie des neuf femmes qui ont témoigné dans Le Devoir en 2017 contre Gilbert Rozon, tandis que Julie Snyder avait porté plainte à la police contre le magnat déchu de l’humour dans les jours qui avaient suivis, avant de revenir quelques mois plus tard sur les raisons qui l’avaient poussée à le faire.

La discussion présentée dans le talk-show a donc notamment tourné sur la vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec cet été et emporté plusieurs noms du milieu culturel, comme Maripier Morin, David Desrosiers, Yann Perreau, Bernard Adamus, Dan Bigras, Julien Lacroix, Maybe Watson, Jemcee, Kevin Parent, Brandon St-Jacques Turpin, Gabriel D’Almeida Freitas et Alex Nevsky.

« Force est de constater, avec la troisième vague de dénonciation qu’on a connue cet été, qu’il y a un bris de confiance énorme entre les victimes et le système judiciaire », a analysé celle qu’on peut entendre tous les matins à son émission éponyme d’ICI Première. « Moi, je suis tombée sur des gens formidables qui font leur travail, fait que je pense qu’il y a une grande amélioration du système de police depuis des années, a-t-elle dit. Le système de justice, effectivement, ça, c’est une autre chose. Moi, je suis […] pour un tribunal spécialisé pour les violences sexuelles et conjugales. On a eu un tribunal de la jeunesse qui a été mis sur pied pour ces raisons-là. En Espagne, ils ont mis un tribunal spécialisé sur pied. Et c’est pas seulement le nombre de plaintes, mais c’est le nombre de condamnations qui a vraiment dramatiquement augmenté. »

Les deux femmes se sont entendues pour dire que le retrait du délai de prescription pour les poursuites au civil est un pas dans la bonne direction, notamment parce qu’elles ont, comme bien d’autres victimes, mis plusieurs années avant de dénoncer les faits qu’elles allèguent.

« C’est toi qui m’as donné l’impulsion. La première impulsion que j’ai eue de dénoncer, d’aller au poste de police, remplir ma déposition, c’est parce que j’avais vu que toi, t’avais fait comme moi, comme si de rien n’était », a indiqué à Pénélope la démone, qui avait été reconnaissante de constater qu’elle n’était pas la seule victime à avoir minimisé ce qui lui était arrivé et à ne pas avoir porté plainte à l’époque.

« Merci à toi à ton tour, parce que t’es souvent nommée aussi parmi les quelques femmes qui ont inspiré tant d’autres, a appuyé Pénélope. Parce que dans les jours qui ont suivi notre dénonciation, il y a des centaines et des centaines et des centaines de femmes et d’hommes sûrement qui ont pris le téléphone et qui ont dénoncé. Et c’est un système complexe. Moi, la première fois qu’un homme m’a mis la main aux fesses, j’avais six ans. La première fois qu’un homme que je ne connaissais pas m’a tâté les seins, j’en avais 12. Puis ça continue comme ça tout au long d’une vie. Donc quand quelque chose nous arrive dans la vingtaine, dans la trentaine, on est tellement habituées. C’est extrêmement cruel et dur à dire, mais on minimise. »

Pénélope et Julie ont alors expliqué pourquoi leurs plaintes n’ont pas eu de suite. Dans le cas de la première, elle s’est fait dire que l’agression n’était « pas assez grave ». Pour ce qui est de Julie Snyder, elle a indiqué que l’agression qu’elle a dénoncée s’est déroulée en France il y a plus de 20 ans; le délai de prescription là-bas s’applique, et le Canada n’y a pas juridiction.

« Je n’ai jamais fait l’amour à quelqu’un si une personne me dit non », avait déclaré il y a quelques mois Gilbert Rozon entre deux sessions au palais de justice.

Et c’est en se remémorant cette phrase que Julie Snyder s’est adressée directement à la caméra pour parler au producteur toujours en procès pour ses inconduites sexuelles : « Moi, je voudrais juste dire à Gilbert Rozon que je n’ai pas pu lui dire non, parce que c’est arrivé pendant que je dormais. Je dormais dans un endroit où il y avait des gens de Juste pour rire, des artistes, des directeurs, des animateurs. Et à un moment donné, tout le monde est parti voir un spectacle, alors moi, je me suis endormie. Et ça s’est passé pendant que je dormais, donc je ne pouvais pas dire non puisqu’on ne me l’a pas demandé. »

Une déclaration qui a de quoi donner des frissons.

Nous saluons le courage de Julie Snyder, de Pénélope McQuade et de toutes les victimes qui trouvent la force de dénoncer.

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